Trek dans l'Anapurna
Dimanche 11 novembre
Comment oublier l'épisode (nous dirons la trilogie) de la douche ?!
Après plusieurs jours au White Lotus de KTM d'eau froide, suivi par le
reste du séjour au Tayoma d'eau tiède…. Nous avons pu prendre enfin
une douche brûlante à Pokhara … Un vrai moment de bonheur simple qu'il
faut souligner.
Départ de hôtel à 7h30 sonnantes (nos népalais semblent être les rois
du timing) dans un taxi digne de Starsky et Hutch; une heure de route
jusqu'à Naya Pull, à travers les champs de blé et les montagnes, par
des routes en lacets au milieu des chèvres népalaises au long poil.
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Commençons le début du trek par remonter le lit de la rivière Mudi.
Traversée de plusieurs hameaux, rizières et cultures en terrasse,
forêts… nous croisons parfois sur le chemin des porteurs aux charges
impressionnantes (fourrage, valises, cantines, portes, encadrements de
fenêtres, tables et chaises…) ; certains d'entres eux portent un
panier tressé, maintenu sur leur front par une sangle. Ils grimpent
beaucoup plus vite que nous et nous les croisons parfois sur le chemin
faisant une pause au soleil, leurs charges en appui sur la roche.
Croisons également de nombreux ânes, chargés de sacs de riz,
conserves, bouteilles de gaz avançant cloche ou grelot au cou (on
n'est pas surpris de les voir débarquer) sous les coups de sifflet ou
de bâton de jeunes népalais.
La montée de la matinée s'avère douce. Petite pause déjeuner à Syauli
Bazaar, dans l'un des nombreux lodges bordant le sentier. Y
rencontrons deux groupes d'occidentaux avec guides : certains sont
blessés au bras ou au genou… cela promet.
La seconde partie de la montée s'avère plus coriace, d'environ 800 m
de dénivelé que nous parcourons en trois heures. Montée faite de
chemins étroits ou de marches plus ou moins hautes, taillées dans la
pierre.Heureusement que le guide marque le pas (et les pauses). Notre
porteur ferme la marche en attendant les éventuels retardataires.
L'arrivée au village de Gandruk, à 1.940 m d'altitude, se fait en
milieu d'après-midi. Le genou droit de Laurence commence sérieusement
à chauffer.
Le village propose quelques lodges bien tenus et sympathiques. Après
avoir pris possession de notre chambre plein Est (bon plan pour le
lever du soleil demain matin…), nous courons sous la douche brûlante
détendre les pauvres muscles qui n'ont pas subi autant de tortures
depuis de nombreuses années ! Il est 16h00 et il fait déjà bien froid.
La vue sur les sommets est couverte par les nuages du soir mais la vue
sur la vallée et les rizières en terrasse est superbe. Monsieur part
faire une balade au musée local (10 m2!) pendant que Madame repose le
genou fatigué.
Dîner dans la salle commune, au chaud, de thukpa et de momos, en
compagnie de deux couples d'anglais et des népalais La nuit s'annonce
froide et nous filons nous glisser dans nos sleeping bags loués pour
quelques queues de cerises à Pokhara.
Lundi 12 novembre Le réveil est prévu à 6h30, le soleil est face à
nous, donnant aux sommets tout leur éclat. Petit déjeuner copieux sur
la terrasse et départ à 8h00. Programme prévu : cinq heures de marche.
La première partie de la matinée se passe en descente dans la forêt
qui ressemble plus à une jungle. Pas de marches cette fois-ci, mais
des chemins de pierre où attention et vigilance sont les maîtres mots.
Il suffit de lever le regard deux secondes pour glisser et se
retrouver en bas sur les fesses…
Le tronçon est lent et difficile car le genou est toujours douloureux
malgré le superbe bâton offert par hôtel Milan. Traversée du lit de la
rivière sur des ponts suspendus; toujours de beaux paysages de
rizières en terrasses… temps splendide.
Pause déjeuner entre New Bridge et Udi, durant deux heures, allongés
au soleil. Permet de reposer les muscles. Croisons sur le chemin
quelques trekkeurs seuls ou accompagnés, ayant plus ou moins de
difficultés à grimper. Puis nous ré-attaquons pour une montée raide de
1h30… la fin du parcours s'avère plus soft jusqu'au village de
Chomrong.
L'hôtel choisi par le guide donne sur la vallée. Le village est en
contrebas. Terrains de foot et de volley sont aménagés en terrasses.
Un match de volley endiablé se poursuit même jusqu'à la tombée de la
nuit vers 18h00.
L'hôtel est tout en bois, toujours très fleuri, dans le même style que
la veille et faisant face aux sommets de l'Annapurna South (7.219 m).
Notre chambre semble tenir en équilibre au dessus de la vallée Une
bonne douche dénouante et un dîner dans la salle commune. Nous nous
apprêtons à passer notre deuxième nuit à 2170 m d'altitude.
Mardi 13 novembre Départ de Chomrong à 8h00. Nous entamons une
première descente raide et une remontée de 1h30 jusqu'à Sinuwa à 2.340
m. Traversée de forêts de bambous, rivières… nous croisons toujours
des enfants ou des familles népalaises sur les sentiers, vivants dans
de petits hameaux qui donnent sur les cultures.Pause déjeuner au
village de Bamboo, puis attaquons l'après-midi avec 3 h de marche pour
atteindre Himalaya. Rencontre sur le chemin de porteurs, toujours
aussi chargés, dokos (les paniers tressés) dans le dos.
Croisons également de nombreuses vaches et buffles dont les népalais
se méfient, de peur d'une mauvaise réaction.
Nous arrivons éreintés à l'Himalayan Hôtel après 7 h de marche. Pas de
chambre individuelle disponible, un groupe de français ayant
réquisitionné toutes les chambres. Nous nous installons donc dans l'un
des dortoirs de 6 personnes. Pas d'eau chaude ce soir, juste un baquet
d'eau … dans un climat de plus en plus glacial. Ça fortifie…
Dîner dans la salle commune autour du gros poêle placé sous la table
et alimenté au pétrole. Il s'en dégage une odeur pas très agréable,
mais au moins, nous sommes au chaud. Faisons la connaissance de deux
jeunes français, guides de montagne dans les Alpes qui nous
confirment, grâce à leur altimètre, les chiffres de la journée :
ascension : +1.430 m et descente : - 750 m… Nous comprenons mieux
notre état de fatigue à présent !
Nuit (au frais) dans nos sacs, plus ou moins difficile (léger mal
d'altitude et ronflements intempestifs du voisin).
Mercredi 14 novembre Quatrième jour de trek. Les muscles commencent à
se faire aux nombreuses heures de torture ! Le genou, sous traitement
Voltarène et baume du Tigre semble tenir le coup.
Petit déjeuner à 7h00 et levée du camp moins d'une heure plus tard. Le
monde appartient à ceux qu se lèvent tôt…
Un premier arrêt à Deurali après 1 h de marche. Les paysages changent
au fur et à mesure de notre ascension. La végétation se fait plus
aride. Nous ne croisons quasiment plus de hameaux, mais seulement des
lodges pour les trekkeurs. Et toujours des porteurs montant et
descendant… il y a un monde fou sur ces petits sentiers.
Nous arrivons à MBC, le Machhapuchhere Base Camp, à 3.700 m, vers
11h00. Nous approchons du but ! Pas de signe de mal des montagnes.
Notre guide Ramesh voit si notre état nous permet de monter au camp de
base de l'Annapurna à 4.100 m, ou s'il est préférable de rester là.
Mise à part un souffle un peu court, nous sommes en pleine forme et
impatients d'atteindre la dernière étape. Déjeuner rapide puis montée
des derniers 400 m en 1h30.
Le froid se fait réellement sentir. Arrivée au Paradise Lodge de ABC
vers 14h00. La vue sur le Sanctuaire est saisissante. Nous nous
trouvons au milieu de plusieurs hauts sommets, l'Anapurna South
(7.219m), l'Annapurna First (8.091m), le Tarpu Chuli (5.663m), le
Machhapuchhere (6.993m)…
Tout est si calme… Une coulée de pierres sous laquelle l'eau des
montagnes passe et qui rejoint la rivière Modi Khola semble tout droit
sortir d'un décor lunaire. Quelques “bouddhas” de pierre sont érigés
avec des drapeaux népalais de toutes les couleurs.
Plusieurs tentes sont dressées pour des groupes de trekkeurs
accompagnés de leurs cuisiniers et porteurs népalais : tente commune
chauffée, vaisselle … tout est là.
Le soleil disparaît à 15h00 derrière les montagnes et nous voilà
plongés dans une semi obscurité. Le thermomètre chute encore et nous
sortons, outre nos polaires, tout l'arsenal : bonnet, veste chaude,
sous vêtements en polartec et compagnie. DE VRAIS HOMMES DE L'ESPACE !
Avons la surprise de retrouver nos deux compagnons de la veille,
Stéphane et Mathieu. La soirée commence à 16h00 et se poursuit jusque
19h00 dans la salle commune. Tout le monde part se coucher de bonne
heure dans l'espoir d'une bonne nuit réparatrice.
Malheureusement, un groupe de jeunes israéliens très mal élevés fait,
malgré nos remarques, un vacarme de tous les diables jusque 21h00. La
nuit est agitée de par l'altitude, le manque d'air et le froid
(minimum –10° dehors et pas beaucoup plus dedans).
Jeudi 15 novembre Réveil avant le lever du soleil, à 5h50. Froid
sibérien dehors. Nous enfilons notre attirail de cosmonaute pour
assister au sunrise. Magique ! Petit déjeuner dehors sur les bancs,
avec nos deux compagnons qui redescendent d'une traite sur Chomrong et
prise de photos avant de repartir sur Bamboo. Nous quittons avec
regret ce havre de paix …
La descente sur MBC se fait en 50 mn. Croisons plusieurs hélicoptères
venant chercher un groupe de japonais qui ne se donne pas la peine de
redescendre à pied sur Pokhara. Traversons de grandes étendues de
steppes glacées à certains endroits, puis la nature revient peu à peu
après Deurali. La température remontant nous permet d'enlever une à
une les couches de vêtements
Pause déjeuner à Deurali. Le genou refait des siennes après 3h30 de
descente à bon rythme. Le reste de la descente dans l'après-midi ne
sera qu'une succession de pauses et de descente en douleur.
Arrivée enfin à Bamboo vers 15h30. Petit seau d'eau chaude et dîner
tranquille dans la salle du lodge. Rencontrons une équipe de népalais
à la recherche de six australiens accompagnés de leur guide népalais
disparus en avril sous une avalanche. Une forte récompense de près de
1000 USD est prévue pour tout corps retrouvé. Malheureusement, ils ne
retrouvent, après de longues heures de recherche, équipés de lances en
bambou dotée de crochets, qu'un sac à dos en pièces et quelques
chaussures. Une histoire bien triste mais qui arrive souvent ici. Nous
avons traversé le couloir de l'avalanche à deux reprises et il semble
impossible de retrouver quoi que ce soit sous des tonnes de pierre.
Vendredi 16 novembre Réveil un peu plus tard que d'habitude (7h). Nous
déciderons de modifier sans doute notre parcours une fois arrives à
Chomrong, nos genoux respectifs étant douloureux. Cela ne sert à rien
de forcer, il reste près de 10 mois de voyage à faire !
Départ de Bamboo vers 8h30 et première partie en descente jusque
Sinuwa. Etape difficile, les deux genoux étant enflammés. Pause
déjeuner agréable à Sherpa Guest House sur la terrasse au soleil. Puis
nous attaquons la deuxième grande descente dans la vallée où nous
retrouvons des hameaux et des cultures en terrasse. Coupons la rivière
Chhemrong Khola avant d'entamer la longue montée d'environ 2 km … près
de 2.000 marches en ardoise pour atteindre le lodge (l'info nous est
transmise par un trekkeur californien) !
Nous arrivons vers 13h30 au Tokai Pana Guest House de Chomrong. La
brume s'abat vers 14h00 sur la vallée. Aujourd'hui se déroule une fête
népalaise où les femmes, selon la tradition, offrent des colliers de
fleurs aux hommes en échange de quoi ils offrent de l'argent … Ramesh
va téléphoner à ses soeurs pour l'occasion. Après-midi et soirée à
hôtel après (enfin) une bonne douche chaude. Petit cadeau d'un
bracelet népalais pour l'ascension de la journée …
Samedi 17 novembre Le choix est donc fait de changer l'itinéraire
prévu et de réduire le parcours en re-empruntant les mêmes sentiers
qu'à l'aller. Rejoignons donc Gandruk avec une première partie de la
matinée en descente puis montée raide après la rivière pour rejoindre
Shimrong où se fait la pause déjeuner.
Recroisons le groupe de français de Terre d'Aventures rencontre à ABC.
Après deux calmants, attaquons la seconde partie du parcours jusque
Gandruk et l'Hôtel Milan où nous avions séjourné à l'aller.
Arrivée sous un ciel couvert. Nous semblons chanceux d'avoir eu
jusqu'à présent un ciel dégagé pour atteindre le Sanctuaire, ce qui ne
semble plus être le cas. Des rumeurs courant dans les lodges qu'il y a
même de la neige à ABC. La saison est bientôt finie et ne reprendra
qu'en février/mars .
Il est amusant de constater combien nos corps s'habituent au froid…
cet endroit qui nous rendait transis à l'aller semble à présent
beaucoup plus agréable, malgré l'obscurité ! Nous sommes quand même à
1940 m.
Passons notre dernière nuit dans les montagnes, avant de redescendre
dans la vallée rejoindre Pokhara, trois jours avant la date prévue
afin de nous reposer et préparer le départ pour la Chine. Quittons à
regret pourtant cet endroit magique et nous promettons de revenir pour
un autre trek.
Nous savons désormais quelles sont les modifications que nous
apporterons à notre équipement ! L'achat de deux bâtons chacun, afin
de soulager dans les montées et les descentes les jambes, des
vêtements isolants et spécifiques à la montagne qui ne prennent pas de
place dans les sacs (le coton garde trop l'humidité et met un temps
fou à sécher), de bons sacs de couchage peu volumineux et supportant
un minimum de –10 degrés. Nous avons loué les nôtres à Pokhara et
c'est une bonne méthode si on ne veut pas en faire l'achat. Une bonne
trousse à pharmacie également avec les médicaments classiques pour les
gastro, rhumes … ainsi qu'un anti-inflammatoire, une bonne crème et
des bandages pour tous les problèmes d'articulation.
Ce trek nous a permis également de savoir que ce genre de parcours
peut s'effectuer seul, sans guide, avec une bonne résistance et une
petite préparation physique, les chemins étant bien indiqués et des
lodges nombreux sur le parcours. Pas besoin de faire le plein de
nourriture, les restaurants étant approvisionnés de tout… prévoir
simplement des pastilles de Micropur pour éviter l'achat de bouteilles
d'eau.
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