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Voyage au Chili
Par Claire et Chloé

Voyage ChiliDeux étudiantes, Claire et Chloé, originaires de la commune de Plougastel-Daoulas (Finistère) sont parties sur les traces du navigateur Amédée-François Frézier qui ramena au XVIIIe, des côtes chiliennes, la fameuse fraise qui fit au début de ce siècle la célébrité de Plougastel. 

"A peine deux jours et déjà la première trace…et pas des moindres !
Sur la place principale de Santiago, centre historique de la cité, face à l'entrée du " Museo Historico Nacional ", encastrée dans le sol, apparaît une plaque de 3 mètres sur 3 commémorant le passage de Frézier…Quelle ironie du sort pour celui qui se disait espion du Roi de France !
" Il pleuvait sur Santiago ce jour-là… "
Santiago, " une ville agréable de type méditerranéen " ? C'est un véritable déluge qui nous a accueillies : du jamais vu depuis 50 ans. Les rios débordent, les maisons sur pilotis s'écroulent, des quartiers entiers sont engloutis, l'alerte rouge est donnée…Dans la capitale, des solutions miracle sont rapidement mises en place : pour quelques pesos, des " pousse-pousse " chiliens font traverser les piétons souhaitant garder les pieds au sec. Pour nous, ce sera "Merci Gore-Tex" ! 


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Quelques jours plus tard ,à Temuco:
Attirées par le brouhaha, les odeurs, les couleurs, nous nous sommes dirigées vers le marché Féria Pinta qui voit se rassembler tous les Mapuches de la région.

A deux pas du centre de Temuco, l'impression d'avoir remonté le temps…Un reflet de la dualité de la société chilienne au sein de laquelle deux mondes coexistent sans jamais se toucher. A l'écart du progrès et de la prospérité, existe un autre Chili… 

Une escapade hors du temps sur l'île Huapi, oasis située au beau milieu de l'unique lac salé de l'Amérique latine. Douces collines, vallons verdoyants, péninsules et îlots… Sur 187 familles résidant sur l'île, 185 appartiennent à la communauté mapuche.

Au fil des rencontres, nous avons appris quelques mots de la langue mapu, goûté la chicha artisanale, et avons eu le privilège de connaître la légende du " Chillan " : cet homme qui, parce qu'il se moquait de la nature, fut transformé en statue puis jeté à la mer. 

"Quand la "machi" (femme qui communique avec les dieux de la vie) tient le kultrun comme l'univers soutient la terre, l'espoir renaît." (Léonel Lieulof, jeune poète Mapuche).

Les Mapuches, comme ils s'appelaient eux-mêmes (Mapu = terre ; Che = peuple), occupaient la région centrale du Chili jusqu'à l'île de Chiloé, lorsque débarquèrent, en 1540, les conquistadors espagnols sous les ordres de Pedro de Valdivia.
Durant près de 300 ans, les Mapuches résistèrent farouchement aux autorités colonisatrices.

Si les Espagnols n'ont jamais pu anéantir ce peuple fier et rebelle, c'est sans doute parce que ces derniers, contrairement aux Incas et aux Aztèques, n'étaient pas rassemblés sous le pouvoir d'un roi unique que les colons auraient pu capturer pour déstabiliser toute la nation. De plus, les Mapuches n'avaient ni ville, ni village, que les conquérants puissent raser : ils déplaçaient leurs rucas (hutte) en fonction de la saison, des possibilités de pêche et de chasse de la région. 

Aujourd'hui, le " peuple de la terre " bénéficie des miettes de ce qui constituait autrefois leur territoire : 400 hectares sur les 3,5 millions qu'ils occupaient à l'arrivée des Espagnols. Depuis 1845, différentes lois créées par le gouvernement chilien n'ont cessé de les affaiblir :
"Ce que nous avons gagné
avec la civilisation qu'ils prétendent nous avoir apportée
est de vivre entassés
tels des grains de blé dans un sac
"
Lorenzo Coliman

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